EXPOSITION | « L’Ombre des Montagnes »
L’Ombre des Montagnes – Ophra Eyal
Commissariat : Ravit Harari
Conversation avec l’artiste Ophra Eyal et la commissaire Ravit Harari
Vendredi 19 janvier 2024 à 11h00
A l’Institut français de Tel Aviv | Rothschild 7
L’exposition individuelle d’Ophra Eyal, « L’Ombre des Montagnes », est un geste envers Haim Péri, 79 ans, fondateur de la galerie « HaBait HaLavan » qui se situe au milieu des champs au sein du Kibboutz Nir Oz. Haim Péri a été pris en otage le 7 octobre 2023, et est actuellement retenu à Gaza. Cette exposition, à l’initiative de l’Institut français d’Israël, organisée avec l’accord des proches de Haim Péri, lui est dédiée, ainsi qu’à tous les autres otages.
L’artiste Ophra Eyal, dont la famille vivait à Nir Oz, et dont les proches séjournaient souvent au kibboutz, a développé au fil du temps une amitié profonde avec Haïm Peri. Par deux fois, elle a été invitée à exposer dans sa galerie « HaBait HaLavan » – cette galerie qu’il a fondée et gérée avec amour et dévouement. Dans cette maison abandonnée au milieu des champs, il a créé un lieu de liberté et d’expression artistique, un espace sans entraves ni hiérarchie, loin de la scène artistique plus formelle du centre du pays.
L’exposition « L’Ombre des Montagnes » combine deux types de pratiques artistiques qui ont déjà été présentées dans les deux expositions individuelles d’Ophra Eyal à « HaBait HaLavan » : une illustration numérique en noir et blanc et des peintures à l’huile colorées sur toile. L’illustration numérique d’Eyal est spectaculaire : elle y présente un monde légendaire et imaginaire, un royaume fantaisiste et naïf dans lequel elle invite le spectateur à naviguer. Ce monde est densément peuplé de créatures fantastiques, de gnomes et de fées, de princesses et de petits animaux de la forêt, d’ours dansants et d’arbres humains aux troncs expressifs. Du dessin complet – qui s’étend sur près de 12 mètres de long – est coupée une petite section dans laquelle on voit trois châteaux arrachés de terre, flottant au-dessus du sol comme de lourds dirigeables, lestés de morceaux de terre et de racines détachées de la terre. Une sorte de sombre terreur s’exprime dans cette œuvre, qui sied malheureusement à la période actuelle…
Réparties sur un mur entier, de petites peintures à l’huile sont accrochées, colorées, séduisantes et joyeuses, dont la plupart représente des jouets pour enfants – des produits de consommation et des représentations culturelles du consommateur occidental, influencé par la culture pop. Eyal a choisi de peindre un ensemble de personnages miniatures emblématiques, parmi lesquels des personnages Playmobil représentant diverses professions de la société civile, des soldats et des super-héros, des personnages connus de livres et de films pour enfants et des objets imprégnés de la nostalgie d’un monde matériel en voie de disparition.
La rencontre entre le dessin numérique romantique mais sombre et les représentations réalistes et colorées de jouets et de super-héros produit un reflet glaçant sur la réalité contemporaine. Eyal ne tire pas d’images directement de la réalité, elle en propose des adaptations enfantines, des représentations détournées de la culture de consommation contemporaine et de la culture pop. Du château et de son âme isolée, flottant au-dessus du sol de la réalité, elle en observe les formes lointaines, adoucies par la culture, préfère utiliser le langage codé et raffiné de l’art et produire un mécanisme de médiation adapté à l’âme sensible et noble d’une princesse. Les peintures de jouets s’inscrivent dans l’allégorie qu’Eyal crée sur la réalité et articulent une lamentation sur un monde en voie de disparition, un monde enfantin, innocent et ludique qui a pris fin le 7 octobre 2023.
Sur un mur voisin – le portrait de Haim Péri : libre, coloré, souriant. Un artiste, entrepreneur et activiste, un homme d’esprit sensible à l’humain, qui a réalisé son rêve d’introduire la culture et l’art dans un bâtiment abandonné au milieu des champs d’un kibboutz et de le transformer en un lieu pluraliste, égalitaire, ouvert à tous. Et peut-être est-il possible de voir dans la réalisation du rêve de Péri – l’œuvre d’un seul homme – la représentation d’un rêve plus large que lui : un rêve collectif, dont la réalisation désormais serait utopique.
Ravit Harari
Ophra Eyal est née à Ramat Hasharon en 1972. Elle vit et crée à Ramat Gan. Illustratrice autodidacte, elle est diplômée d’une licence et d’une maîtrise en art de l’Académie d’art et de design de Bezalel, Jérusalem. Eyal a étudié la peinture réaliste à l’atelier « HaTechana » ainsi que la peinture indienne et tibétaine en Inde. Elle a présenté deux expositions individuelles à la galerie « HaBait HaLavan » (en 2012 et en 2021), et a participé à de nombreuses expositions collectives. Ses œuvres font partie de collections en Israël et dans le monde.
Informations
L’Ombre des Montagnes – Ophra Eyal
Conversation avec l’artiste Ophra Eyal et la commissaire Ravit Harari.
Vendredi 19 janvier 2024, 11h
A l’Institut français de Tel Aviv
Rothschild 7
Echange en hébreu
Entrée libre
Heures d’ouverture de la galerie :
Du dimanche au jeudi : 9h00-19h30
Vendredi : 9h00-12h30
Samedi : fermé